Pariez toujours sur le favori
Plusieurs joueurs aiment parier sur le favori, celui-là qui avant le début du match ou de l'évènement est affublé des meilleures chances de l'emporter. C'est le cas de Tiger Woods par exemple qui a été coté à 7 contre 2 pour une victoire à l'Open, avant même que le tour final ne débute. Autrement dit, cela indiquait qu'il avait 78% de chance de remporter le tournoi. Ces cotes étaient plutôt réalistes, même si elles avaient l'air généreuses, étant donné que Woods avait eu 11 occasions d'atteindre le tour final d'un tournoi principal... et avait gagné toutes les 11 bien entendu. Pourtant, de nombreux parieurs étaient heureux de soutenir les outsiders comme Sergio Garcia ou Ernie Els qui étaient cotés à 6 contre 1, et même la célèbre couverture médiatique du golf par la BBC Radio 5 Live a suggéré à ses auditeurs que selon la Loi de Murphy, Woods ne gagnerait pas. Cela n'a fait que démontrer la non-maitrise des paris sportifs par cette Loi.
Un économiste libéral dirait que les gains des parieurs (ou les pertes, pour être plus précis, vu que bien entendu les bookmakers sont les seuls vrais gagnants) qui supportent les favoris seraient sur le long terme égaux à ceux engrangés par ceux qui parient sur les outsiders. Évidemment, vous gagnez moins si un favori l'emporte, mais cela devrait être tout à fait compensé par le fait que les favoris gagnent beaucoup plus souvent que les outsiders. Si vous choisissez donc au hasard des chevaux, et que vous le faites suffisamment longtemps, il est probable que vous ne remarquiez aucune différence systématique entre vos résultats sur les favoris ou les outsiders.
C'est pourtant contraire à ce qui se passe dans le monde réel. En fait, il y a un fort préjugé en faveur des chevaux à faible prix et contre les outsiders. Cela a été d'abord remarqué dans les années 1940 aux États-Unis, et a été confirmé par la suite par d'innombrables études. Les plus complètes de ces études (par Erik Snowberg à Stanford et Justin Wolfers à Wharton) ont examiné les résultats de 6 301 016 courses en Amérique entre 1992 et 2001. Elles ont constaté que le rendement moyen lorsque le parieur supporte les favoris était de -5,5%, tandis que le retour sur les chevaux milieu de gamme avec des cotes comprises entre 3 contre 1 et 15 contre 1 était bien pire à -18%. Pire encore, le profit réalisé en pariant sur les outsiders (à 100 contre 1 ou plus) était de -61%. Pourquoi ne pas simplement jeter votre argent par la fenêtre à la place ?
Face à ces résultats et à des conclusions similaires trouvées dans l'univers des paris hippiques et du football Britannique, les économistes se sont évertués à expliquer ce comportement apparemment irrationnel de la part des parieurs. Sûrement auraient-ils dû déconseiller à ces derniers d'opter pour les outsiders jusqu'à ce qu'il y ait un écart considérable entre les cotes, afin d'avoir une représentation plus juste de leurs véritables chances de gagner la course. Pourtant, ils ne l'ont pas fait. Avis aux parieurs qui nous lisent, parier sur le favori demeure le choix le plus sûr.